Décédée vendredi des suites d’une longue maladie, la militante, ex-syndicaliste CFDT à l’ANPE et porte-parole du mouvement de chômeurs AC !, aura ouvert une brèche dans la frontière entre le « social » et la « politique ».
Claire Villiers était venue soutenir l'action du Front de Gauche Clichois le 14 mars 2010. Elle figurait, pour l'Alternative Citoyenne, en 3ème position sur la liste des régionales conduite par Pierre Laurent, aux côtés de Daniel Kossowski du Parti de Gauche et de Lysiane Alezard du Parti Communiste Français, "Pour des régions à gauche, Solidaire, Ecologiques, et Citoyennes"
Elle n’a jamais adhéré à un parti mais, toute sa vie, Claire Villiers, décédée vendredi après plus de quinze années de combat contre le cancer, l’aura passée à faire de la politique, au sens large et au sens strict, à la fois. Toute sa vie, et plus nettement encore depuis le séisme électoral du 21 avril 2002 sanctionnant le gouvernement de Lionel Jospin et toute la gauche plurielle, elle aura cherché à effacer la frontière entre le « social » et le « politique », à rapprocher les lignes pour muscler le rapport de forces contre les politiques néolibérales. Jusqu’au bout, Claire Villiers, ouverte et tenace, audacieuse et réfléchie, spontanée et patiente, s’est tenue sur ce fil, mue par l’urgence face au chômage et à la précarité, animée par l’ambition de reconstruire une alternative de société et d’élaborer les voies stratégiques pour y parvenir.
En 1965, elle rentre, dès quatorze ans, à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) où elle prendra rapidement des responsabilités. Passée au travers de Mai 68, Claire, fille de prolo militant à la CGT et au PSU, part étudier la sociologie à Nanterre. Après avoir travaillé quelque temps dans des cabinets d’urbanistes, elle est licenciée. « J’ai beau me soigner, je suis d’origine catholique, racontait-elle non sans autodérision. Je me dis que les chômeurs sont les plus démunis. Et c’est comme cela qu’en 1975, je rentre à l’ANPE. » Syndiquée depuis 1972 à la CFDT – le syndicat qui, dans ces années-là, ne parlait que de l’autogestion, de la propriété sociale des moyens de production et de la planification démocratique –, la jeune femme se retrouve pleinement dans le slogan de l’époque : «Nous vivrons ce que nous changerons.» Longtemps, avec ses camarades de ce que l’on appellera la «gauche CFD» après le «recentrage» de la confédération au mitan des années 1980, Claire Villiers tentera de combattre la conversion gestionnaire et sociale-libérale de la CFDT sous la houlette d’Edmond Maire, puis de Nicole Notat. Entre la fin des années 1980 et 2004, les départs pour SUD, la FSU et la CGT se multiplient ; les bataillons de la CFDT-ANPE, dont Claire Villiers a longtemps été secrétaire nationale, décident de quitter le navire après la signature, en 2000, du très controversé plan d’action pour le retour à l’emploi (Pare), rejoignent la FSU et créent le SNU-ANPE.