Ça y est, la Chambre des députés a voté la confiance au « gouvernement technique » qui dirige désormais l’Italie. 556 voix contre 61, le verdict est sans appel. Le gouvernement des technocrates non élus prendra bien le relais d’un gouvernement élu avec l’assentiment des deux partis majoritaires. La veille, au Sénat, Mario Monti, ancien commissaire européen à la concurrence arcbouté sur les principes les plus libéraux qui soient, présentait le programme de ce gouvernement dans un discours marquant l’arrivée de l’eurocratie à la tête de l’Italie (discours européen avant tout et emploi de la terminologie anglosaxone qui prévaut à Bruxelles).
Mario Monti a annoncé que l’heure des « sacrifices » était venue. En tête de liste, on trouve la réforme des retraites. La Commission européenne avait jugé quelques jours plus tôt qu’il fallait accélérer le mouvement en la matière et précisé les échéances auxquelles l’Italie amènerait progressivement ses citoyens à travailler jusqu’à 67 ans. Mario Monti va mettre cela en chantier. Il s’est en outre engagé à baisser les taxes sur l’emploi Il a aussi prévu de baisser les taxes sur les salaires et les entreprises pour satisfaire les employeurs, à faire inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution et à le faire respecter en 2013, conformément aux demandes de l’UE.
En Grèce, le gouvernement d’union nationale du banquier européen Papadémos, coalition composée du Pasok (PS grec), de Néa Dimokratia (équivalent de l’UMP) et de LAOS (extrême droite) vient d’annoncer un projet de budget 2012 qui promet encore des sacrifices à un peuple grec déjà sous le coup de 8 plans d’austérité depuis janvier 2010. Au programme cette fois une réduction des dépenses publiques de 5,2 milliards d’euros (-5%) par rapport à 2011, une augmentation de 7% des recettes fiscales et pas moins de 9,3 milliards d’euros de nouvelles privatisations.
Appliquer à la lettre les diktats de l’UE et du FMI au bénéfice des sacrosaints marchés financiers, voilà ce à quoi ces gouvernements se destinent. Ils n’ont d’ailleurs pas d‘autre ambition et se sont créés pour respecter cette exigence et non celle de l’intérêt général.
Le peuple ne s’y trompe pas, il était dans les rues hier en Italie et en Grèce pour dénoncer ces « gouvernements des banques ». Ils étaient des milliers à Rome, Milan, Palerme et encore des milliers à Athènes, Thessalonique et dans toutes les grandes villes grecques. Mais les gouvernements d’application des diktats du FMI et de l’UE restent sourds aux appels à défendre la démocratie. En Italie il n’est même pas sûr que le peuple ait droit aux élections anticipées qu’il réclame.
Ne les laissons pas usurper la démocratie aux Grecs et aux Italiens sans rien dire. Partout en Europe le peuple doit reprendre sa place, n’en déplaise à la Commission européenne, à la BCE, au FMI et aux partis politiques qui les soutiennent et se coalisent pour appliquer leurs diktats.
l'auteur : Celine Meneses