Dans plusieurs villes, EELV a décidé de s'associer dès le premier tour avec le Front de gauche pour les élections municipales de l'an prochain.
Nouveau conflit en vue entre le PS et ses alliés écologistes. Dans plusieurs villes, les Verts regardent plus du côté du Front de gauche que de leur allié socialiste, pour les prochaines élections municipales. Rennes, Clichy-la-Garenne, Palaiseau, Cholet, La Flèche sont concernées. Des discussions sont avancées à Nîmes et se poursuivent à Grenoble. «Nous avons déjà lancé certaines campagnes municipales avec les écologistes, comme à Rennes, et dans plusieurs agglomérations, des accords sont en cours…», affirme Martine Billard, co-présidente du Parti de gauche avec Jean-Luc Mélenchon, elle-même ancienne écologiste, qui se dit satisfaite de ces «rassemblements» qui commencent à faire parler d'eux…
«La crise est profonde à Europe Ecologie-les Verts», déclare Martine Billard. «Nombre de militants ne se retrouvent pas dans la politique du gouvernement. Ils savent que les ministres ne sortiront pas du gouvernement, quoi qu'il arrive!» La numéro deux du PG pointe en particulier la ministre du Logement, Cécile Duflot, dont l'attitude «porte préjudice à l'ensemble de son parti». «Voyez les grandes déclarations, les poings sur la table et au final, rien ne bougera, ajoute-t-elle. Les citoyens le savent et les élus pour certains agissent en conséquence.»
Co-président du groupe EELV à l'Assemblée nationale, François de Rugy tend à minimiser cette annonce. «Ce sont des accords locaux sur lesquels il ne faut pas bâtir une stratégie nationale, confie le député de Loire-Atlantique. Mélenchon ne doit pas prendre ses désirs pour la réalité.» Sur son blog, le leader du Parti de gauche a lancé vendredi: «Il ne faut pas se laisser rabougrir dans un enfermement stérile et démoralisant avec les socialistes.»
Ces listes d'union entre les écologistes et la gauche radicale, qui n'intègrent pas toujours le Parti communiste dont la stratégie se dessine ville par ville, trouvent en partie leurs racines dans la manifestation du 5 mai dernier contre l'austérité, à l'initiative du Front de gauche. De nombreux responsables d'EELV y avait participé comme le député Sergio Coronado ou Françoise Alamartine, membre du bureau exécutif. L'ex-candidate à la présidentielle, Eva Joly, avait pris la parole en compagnie de Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon ou Clémentine Autain, pour dénoncer avec vigueur les politiques d'austérité du gouvernement.
Éva Joly veut construire «une autre majorité»
Fin septembre, Éva Joly a en outre lancé sa motion Là Où Vit l'Écologie (soit LOVE, «amour» en anglais), une motion marquant sa claire distance avec «un parti socialiste incapable d'envisager une alternative au libéralisme»… Elle y a évoqué d'éventuels rapprochement avec le Front de gauche ou le PG de Jean-Luc Mélenchon. Pour construire «une autre majorité», le texte propose ainsi «d'engager la discussion avec le Front de gauche et la gauche hétérodoxe du parti socialiste». Selon eux, «la ligne de fracture principale au sein des gauches n'est pas entre ceux qui participent au gouvernement et ceux qui n'y participent pas, mais celle qui sépare les tenants d'une autre politique de ceux qui n'ont que l'orthodoxie comme horizon». Dès les prochaines municipales, ce texte motion veut favoriser «la création de listes citoyennes de large rassemblement».
A Rennes donc, le rassemblement se fera avec plusieurs composantes du Front de gauche. Les communistes n'ont pas encore pris leur décision et attendent de faire voter leurs militants. Chez EELV, un communiqué indique que «des échanges avec différentes forces politiques rennaises ont permis de mettre en lumière de fortes convergences avec les organisations membres du Front de Gauche (GA, GU, FASE, PG) autour de la démocratie locale, la transition écologique et la solidarité». Un accord a été voté en assemblée générale des écologistes le 28 septembre.
Selon Martine Billard, des accords identiques auraient été noués par exemple à Cholet (Maine-et-Loire), à La Flèche (Sarthe), à Palaiseau (Essonne) ou à Clichy-La-Garenne (Hauts-de-Seine). Et des discussions sont en cours à Nîmes, Grenoble et dans quelques autres villes.
Au PCF, la direction nationale se montre prudente. «Chez Jean-Luc Mélenchon, indique-t-on, on communique beaucoup sur ces accords avec les écologistes. Nous aussi nous voulons et défendons le rassemblement le plus large possible. Mais à EE-LV, ces temps-ci, ils poussent surtout les feux pour négocier dans de meilleurs conditions…»
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