Les communistes ont été reçus le 8 novembre par le premier ministre - ici Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Photo Pierre Verdy/AFP
Cette nouvelle fronde des sénateurs communistes était attendue mais témoigne des tensions à gauche. A l’instar de leurs collègues députés, les élus PCF du Sénat se sont abstenus, mercredi 28 novembre, sur la partie recettes du projet de loi de finances (PLF) pour 2013. Un choix qui a entraîné le rejet du texte même si le gouvernement devrait faire adopter son PLF par l’Assemblée nationale, qui a "le dernier mot".
Après les textes sur l’énergie, sur la programmation des finances publiques et sur le budget de la Sécurité sociale, c’est la quatrième fois que les communistes font échouer un projet de loi du gouvernement au Sénat. Leur entretien avec le premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui les avait reçus en urgence le 8 novembre, n'y a rien changé. Conscients que leurs choix peuvent dérouter, en premier lieu leurs sympathisants, les sénateurs PCF s'en expliquent dans une lettre ouverte publiée mercredi.
"Textes à prendre ou à laisser"
Les communistes rappellent d'emblée que leur groupe "souhaite la réussite de la gauche". "Nos votes sur ces textes ne relèvent pas d'une posture circonstancielle, expliquent-ils. Ce sont des votes responsables qui prennent appui sur la volonté de changement qui s'est majoritairement exprimée dans notre pays en mai et juin derniers." Ils rappellent aux socialistes que sans leurs 20 voix, la gauche n'est pas majoritaire au Sénat et que "le gouvernement n'a pas vu ou plutôt n'a pas voulu voir le rôle charnière de [leur] groupe".
"Nos propositions n'ont été examinées, et encore moins prises en compte, ni en amont de la présentation de ces projets de loi, ni durant leur examen en commission, comme en séance publique", soulignent-ils, regrettant que leurs amendements n'aient pas été acceptés. "Les textes étaient à prendre ou à laisser. Nous n'avons pu à aucun moment, véritablement discuter, ni de l'orientation, ni de leur contenu", ajoutent-ils.
Rencontre PS et PCF
Ils l'affirment avec force, "fort de ses 4 millions de voix, soit 11% des votes, le Front de gauche est une composante essentielle de la majorité politique actuelle" même s'ils jugent les orientations du gouvernement "trop éloignées d'une politique de progrès et de justice sociale". Ce qui a justifié leur choix de ne pas participer au gouvernement, rappellent-ils. Traité budgétaire européen, pacte de compétitivité ou hausse de la TVA auraient ensuite confirmé "le refus d'affronter le monde de la finance".
A ceux qui leur reprochent de voter avec la droite, ils rappellent que certains textes - traité budgétaire européen, loi organique instaurant la règle d'or ou encore texte sur la garde à vue des sans-papiers - ont été adoptés au Sénat grâce aux voix de l'UDI ou de l'UMP. Ils terminent cette lettre de six pages en prévenant le gouvernement que "si rien ne bouge", ils s'opposeront également en décembre au projet de loi de finances rectificative, qui intégrera des dispositions du pacte de compétitivité.
Malgré cela, ils réaffirment qu'ils ne sont pas dans l'opposition, "fut-elle de gauche". "Mais ne pas nous entendre est sans nul doute prendre le risque de renoncer à cette majorité du changement et de décevoir cruellement les aspirations populaires", concluent-ils. Autant de sujets qui devaient être abordés, jeudi, lors de la rencontre entre Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, et son homologue du Parti socialiste.
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