l'auteur : Eric Coquerel
Secrétaire national du Parti de Gauche, chargé des relations extérieures et unitaires, Eric Coquerel a participé activement à toutes les tentatives de regroupement de la gauche antilibérale depuis 2003. Il est conseiller politique du candidat pour cette campagne.
Depuis janvier toutes les enquêtes d’opinion montrent que le total des intentions de vote à gauche grimpent grâce à la dynamique du Front de Gauche. Alors que le “score” de François Hollande reste quasi inchangé, notre campagne permet surtout de regrouper des électeurs qui, sans la candidature de Jean-Luc Mélenchon, se seraient sans doute abstenus. Mieux, plusieurs sondages, coup sur coup, nous ont placé devant Marine Le Pen. Si cela se confirme dans les urnes qui niera que ce serait une sacrée bonne nouvelle pour la gauche et la France toute entière ?
A 10 jours du scrutin, la campagne de Jean-Luc Mélenchon est la meilleure chose qui soit arrivée à la gauche et donne à cette dernière, quel que soit le candidat qui la représentera au 2ème tour, plus de chances de battre Nicolas Sarkozy.
Que croyez-vous alors qui arriva du côté de la gauche ? Concentrerait-elle ses attaques sur Nicolas Sarkozy et une Marine Le Pen affaiblie par nos soins ? La réponse est terrifiante de bêtises. Le mot d’ordre est : haro sur Jean-Luc Mélenchon. Les snipers sont d’abord venus d’Europe-Ecologie les Verts. Ce matin l’officine “socialisant” qu’est le Nouvel Obs a sorti l’artillerie lourde. Page après page, l’hebdo se vautre dans la haine de classe : plutôt l’appel au “vote blanc” de Michel Onfray adressé aux électeurs antilibéraux que le bulletin “Jean-Luc Mélenchon”, la calomnie de bas étage dénonçant de délirantes accointances avec Patrick Buisson, le conseiller le plus droitier de Sarkozy sans compter les éditos des Joffrin ou Cohn-Bendit en faveur du “vote utile”.
Nous ne sommes pas naïfs, nous savons d’où vient cette “petite musique”. Ce Matin encore, Arnaud Montebourg, décidément Monsieur basses oeuvres en matière d’appel au “vote utile”, l’a résumé crument sous forme de deux suppositions qui traduisent en réalité ses souhaits “Je sens le reflux de Jean-Luc Mélenchon sur le terrain” et “le FN sera au delà des sondages”.
Et si un doute subsistait, les “consignes” de François Hollande à ses militants volées par la caméra de BFM, annoncent clairement la couleur : « Soyez confiants et en même temps pas rassuré, comme moi, c’est parce que je ne suis pas rassuré que je me bat. IL faut aller chercher sur Mélenchon les voix qui manquent. Il nous en a pris et qu’est ce qu’il faut dire à ces électeurs ? C’est de leur dire : vous voulez la victoire de la gauche et bien faites la dès le premier tour. Ne vous dispersez pas. »
Voilà aujourd’hui la seule campagne de fond du candidat socialiste et de ses soutiens : contrer la progression du Front de Gauche. Pour gonfler son propre score ou rassurer les spéculateurs et les marchés ? Ce n’est pas en tous les cas la meilleure façon de préparer un rassemblement majoritaire contre Nicolas Sarkozy. A diviser et taper sur le candidat du Front de Gauche, ces inconscients font le jeu de la droite et du Front national. Mais peut-être après tout ont-ils moins peur d’eux que de notre volonté de combattre réellement le système financier ?
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