Une nouvelle fois, comme les années précédentes, le rapport d’orientations budgétaires 2012 s’est construit dans un contexte de crise sociale, écologique et économique extrêmement douloureux. Tout le monde s'accorde pour dire que les collectivités locales rencontrent de lourdes difficultés financières qui mettent en péril les services rendus aux habitants de notre territoire et donc de leurs conditions de vie.
Mais les uns comme les autres, n'avons pas forcément les mêmes explications sur les causes ni la même vision des collectivités et de leur avenir. Pour ces orientations budgétaires, et à un mois d'une échéance majeure pour notre pays, nous sommes face à des choix qui renvoient à une conception de la société, et dans cette société, le rôle, la place des collectivités locales qui de l'humain ou de la finance doit avoir la primauté sur les décisions politiques ?
L'argent doit-il être au service des hommes, des femmes ou bien le contraire ?
Notre budget doit-il se soumettre à la logique d'austérité pour le plus grand nombre ou doit-il être un acte de résistance et d'espoir ?
Depuis dix ans, nous avons assisté à une véritable contre-révolution fiscale : les impôts progressifs ont vu leurs recettes diminuer, l'impôt sur le revenu est passé de 13 à 5 tranches, les droits de succession ont été allégés, le rendement de l'ISF amoindri. Cela a été la suppression de la taxe professionnelle, plus les cadeaux fiscaux aux entreprises du CAC 40.
On voit - c'est la presse qui le révèle - des taux d'imposition avoisinant les 8 %, encore moins pour Total, et celui des PME atteint lui 28 % !
Il est vrai que la dette publique sert de prétexte pour imposer de nouvelles régressions et aller encore plus loin dans la destruction des solidarités. La dette publique est devenue un épouvantail destiné à effrayer l'opinion publique et promouvoir des politiques régressives en court-circuitant le débat démocratique ! Ce que nous entendons de la droite et parfois malheureusement dans une partie de la gauche, sur la crise, la dette, c’est la nécessité de cure d’austérité pour améliorer l’économie. Ce sont les mêmes qui vous ont expliqué qu’avec le traité de Maastricht on entrait au paradis !
L'affaire est entendue et cinq ans de Sarkozysme en plus, ce sont des collectivités, des populations abandonnées et les marchés financiers d'abord. Quand on décrète qu'on a raison de le faire, faisons attention que notre opposition ferme à la finance ne soit pas démentie quelques jours plus tard dans une interview d'un quotidien anglais. Quand on est de gauche, il est vrai que le premier objectif est de rassurer les cités plutôt que la City.
Pour en revenir à notre situation locale, plusieurs événements marquants ont précédé ce débat qui n’en est pas un, d’orientations budgétaires déjà bien ficelées !
C’est le premier budget façonné par votre nouvelle majorité, monsieur le Maire, cette majorité illégitime dont les organisations nationales prônent les cures d’austérité et la saignée dans les dépenses publiques… Malheureusement, les orientations préconisées portent déjà l’emprunte d’un budget de résignation, loin d’un budget de résistance et de lutte que nous appelons de nos vœux, à la veille d’élections nationales favorable à la gauche !
Nous pensons que, face à la violence de l'agression actuelle de la droite, il ne faut pas se soumettre et accompagner ces politiques ultra libérales, mais immédiatement mettre en place une réforme de la fiscalité et des collectivités locales avec quelques points cardinaux tels que la non-abdication de la compétence générale et de l'autonomie fiscale
Aujourd’hui, la crise sociale à Clichy c’est 43.3% des familles non imposables, des ouvriers et employés qui quittent notre ville faute de pouvoir s’y loger, c’est +12.1% de chômeurs en plus cette année… Ce phénomène est certes une observation nationale, mais notre ville se doit d’être un rempart, un contre-pouvoir à la précarité qui explose, et non un relais de la politique d’austérité menée par le gouvernement !
Nous en voulons pour preuve, cette idée contre-productive d’amener tous les budgets de fonctionnement à une baisse sensible de financement ! L’éducation ça n’est pas le tourisme, l’action sociale ça n’est pas les relations internationales ! Comment entendre cette volonté de ne pas augmenter les budgets du CCAS et de la caisse des écoles depuis maintenant 3 années consécutives, alors que parallèlement, tous les indicateurs de précarité explosent ? Comment entendre l’augmentation des loyers votée par vous et vos proches au CA de l’office HLM alors que les familles populaires sont les premières victimes de la crise sociale ? Monsieur le Maire, nous le voyons, votre nouvelle majorité de droite marque clairement ses spécificités à défaut d’assumer une nécessaire rupture libérale. Vous vous contentez d’être un gestionnaire sans profondeur politique !
Pourtant, si tout laisse à dire que nos finances vont mal, nous nous rappelons de ces beaux discours qui clamaient haut et fort que grâce au vote du PLU, les caisses de la ville seraient renflouées ! Et là, nous apprenons qu’aucun nouvel investissement ne serait financé d’ici la fin du mandat ! Quid du PLU et de ces fameux investisseurs des pays du Golfe qui se bousculaient pour acheter notre ville ? Quid d’un PPI qui n’a jamais vu le jour faute de vision étroite et du manque d’ambition de votre projet politique ?
Nos finances vont mal et la double peine irait aux Clichois : baisse du service public par les coupes annoncées dans les budgets de fonctionnement et remboursement des intérêts d’emprunts dû à une gestion douteuse durant trop d’années ! Cette année, c’est le record : c’est 6.4 millions d’intérêts d’emprunts, autant de cadeaux faits aux banques ! C’est le résultat d’une politique d’emprunts à outrance qui conduit aujourd’hui la ville à afficher 155.8 millions de dettes ! Si vous aviez mené la bataille comme un maire se doit quand sa population est lésée face l’abus d’un grand groupe comme Suez dans l’affaire du chauffage urbain, nous aurions effacé l’ardoise de notre ville, mais votre indulgence dérangeante révèle une nouvelle fois votre manque de résistance face aux grands, votre mépris allant systématiquement vers vos anciens partenaires de gauche !
C’est aussi dans cet esprit que nous reprenons l’appel d’ATTAC d’un audit citoyen sur la dette et déterminer quelle partie de cette dette est illégitime et devra être annulée. Il faut mieux investir ainsi que d’utiliser l’argent pour faire des cadeaux fiscaux aux plus riches, diminuer les cotisations sociales et mettre ainsi les comptes sociaux dans le rouge. La dette peut être bonne si elle n’est pas l’objet de spéculations qui conduisent à des emprunts toxiques. L’argent doit servir à répondre aux besoins humains, à engager une transition énergétique dans le cadre d’un développement durable de la ville, à développer l’activité et donc l’emploi, à l’humain d’abord et non à la finance. Il faut sortir de cette dangereuse absurdité ou l’argent sert à faire de l’argent. C’est cela qui conduit la Grèce au désastre, c’est contre cela que le peuple grec se rebelle légitimement. Pour arrêter cela, en France, mais aussi en Europe, nous préconisons la création d’un pôle public bancaire pour assurer le financement des collectivités locales, entre autre.
Monsieur le Maire, le parti de Rama Yade vient de voter son soutien à Nicolas Sarkozy. Les centristes répètent incessamment que seules les cures d’austérité et la rigueur pour moins de services publics sont les remèdes à la crise. C’est bien ce que fait ressortir vos orientations budgétaires avec toutes les coupes que vous annoncez !
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