Quelle concomitance ! Le jour de la grève générale, l’agence de notation Fitch abaisse la note du Portugal. Les choses sont désormais claires : quand les peuples s’insurgent, les agences de notations répliquent. Et les gouvernements alignés obéissent. Par Bruno Fialho et Céline Meneses.
Des dizaines de milliers de portugaises et de portugais issu-e-s du secteur public comme du secteur privé ont suivi l’appel à la grève générale interprofessionnelle lancée par la CGTP, l’UGT et soutenue par la plupart des syndicats du pays, les partis de l’autre gauche et le mouvement des précaires et indignés.
Des manifestations ont eu lieu dans plus de trente villes à travers le pays. Probablement la grève générale la plus suivie de l’Histoire du pays. On compte en effet de 50 % (dans les médias par exemple) à 100% de grévistes selon les secteurs. Des milliers d’entreprises et de services publics sont totalement fermés et des milliers de membres des forces de l’ordre et de militaires sont eux aussi en mouvement, eux qui le 12 novembre descendaient dans les rues à la surprise générale.
Il faut dire qu’après que le PS démissionnaire a mis le pays sous tutelle du FMI, de la Commission européenne et de la BCE lui imposant un plan d’austérité drastique sous prétexte de « sauvetage » via le fameux Fonds européen de stabilité financière, le gouvernement de droite veut maintenant faire adopter un budget de rigueur conforme aux diktats du FMI et de cette Union européenne. Il suppose notamment suppression des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires et les retraités aux revenus mensuels supérieurs à 1.000 euros et l’augmentation d’une demi-heure de la durée quotidienne du travail ! Ce budget, adopté en première lecture le 11 novembre dernier, devrait être définitivement adopté le 30 novembre prochain. Dans une semaine rendez-vous est pris devant l’Assemblée de la République. Peu d’espoir néanmoins que les élus de droite et du PS écoutent celles et ceux qu’ils sont censés représenter. La droite votera pour le budget. Le PS a lâchement annoncé qu’il s’abstiendrait. Seuls les partis de l’autre gauche (le Bloc de Gauche et le Parti Communiste Portugais) voteront contre.
Ultime provocation en ce jour de lutte sociale, l’agence de notation Ficht annonce qu’elle baisse d’un cran la note du Portugal. Un crachat supplémentaire des faiseurs de misère à la gueule d’un peuple qui n’en peut plus.
Non à l’autoritarisme de l’UE, du FMI et des gouvernants complices qui imposent l’hyper austérité aux peuples sous prétexte d’assainissement budgétaire. Non aux pleins pouvoirs des agences de notation. Le temps des saignées sociales doit finir. L’austérité pour les marchés !
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