En visite dans l’Oise pour soutenir les ouvriers de Still-Saxby, le candidat du Front de gauche a participé à une cérémonie en mémoire d’un délégué CGT mort trois jours plus tôt. Par Lilian Alemagna pour Libération.fr
Il y a des déplacements de campagne qui marquent plus que d’autres. Pour Jean-Luc Mélenchon, celui de ce vendredi, à Montataire (Oise) pour soutenir les 255 ouvriers de l’entreprise Still-Saxby dont l’usine est menacée de fermeture, en est un. Flanqué de l’ex-n°1 du PCF, Marie-George Buffet, responsable du secteur des «luttes» dans la campagne du candidat Front de gauche, Mélenchon avait prévu de passer donner le coup de main aux employés fabricants de charriots-élévateurs et d’intervenir en réunion publique avec des représentants syndicaux d’autres boîtes en difficulté sur une terre marquée par le vote Front national. Mais trois jours après la mort du délégué syndical CGT de l’usine, José Montero, décédé d’une crise cardiaque, la visite de Mélenchon dans le sud de l’Oise s’est faite dans une atmosphère lourde. Poignante.
Après un tour sans caméras sur le poste de travail du syndicaliste pour un moment de recueillement, voici l’ancien socialiste devant près de 200 personnes pour échanger sur les fermetures d’usines, les conséquences de la crise et les propositions du Front de gauche pour enrayer la désindustrialisation. Se lève alors un ex-ouvrier des Continental de Clairoix, d’abord fier de montrer son ancien habit de travail noir et orange aux couleurs de l’entreprise désormais fermée, l’émotion le prend. Il donne deux chiffres: «1 suicide et 140 divorces». -«T’as raison, lui lance Mélenchon bondissant de son siège. C’est une affaire humaine cette histoire!» L’ex-Conti reprend, ému: «J’en croise plein au supermarché qui croient que leur usine va revenir… Mais c’est tout vide là-dedans…» Une vingtaine de minutes plus tard, débarque sans prévenir Xavier Mathieu. Le leader des Contis, marqué et ému, prend le micro, s’excuse de ne pouvoir rester: «J’ai beaucoup de problèmes dans ma vie en ce moment. La lutte c’est bon, mais ça laisse beaucoup de traces.»
Haro sur «le monarque quinquennal»
Juste avant, costume noir et cravate rouge, Mélenchon se tenait debout, micro sous le menton pour vingt minutes de discours, alternant dans les registres de l’indignation, l’humour et la gravité: «La France n’est pas un endroit où on joue au monopoly avec les entreprises et les travailleurs». Dans une région où le vote d’extrême droite est fort, le député européen se lance dans une défense des sans-papiers: «C’est un intérêt de la classe ouvrière! brandit-il. A partir du moment où ils ont des papiers, ils peuvent venir au syndicat, le patron ne peut plus les sous-payer, nous brisons la concurrence entre les salariés». Et à ceux tentés par le vote Marine Le Pen, il leur lance: «Ne vous laisser pas berner! Ne vous laisser pas entraîner dans la division!» Face au «protectionnisme aveugle» d’une FN qui devrait devenir, dans les semaines qui arrivent, la cible principale du candidat Front de gauche, Mélenchon oppose des «filtres» et la «coopération» contre les «portes ouvertes» qui «mettent les peuples en compétition les uns et les autres».
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