René Backmann - blog Israël Palestine
publié le mercredi 2 novembre 2011
Dans leur quête de reconnaissance internationale, les Palestiniens viennent de remporter une victoire historique : le lundi 31 octobre, la Palestine a été admise comme membre à part entière au sein de l’UNESCO où elle n’avait jusqu’alors que le statut d’observateur.
Malgré la campagne de Washington qui a accumulé arguties diplomatiques, impératifs législatifs et chantage au financement pour inciter les Palestiniens à retirer leur candidature et dissuader les États qui entendaient les soutenir, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, réunie à Paris, a voté à une confortable majorité en faveur de l’adhésion de la Palestine.
Considérée comme un premier pas vers l’admission de leur État à l’ONU, cette décision permettra notamment aux Palestiniens d’adhérer à la Convention du Patrimoine mondial et de placer ainsi sous la protection de l’UNESCO certains sites historiques ou culturels aujourd’hui menacés ou annexés de fait par Israël.
Sur les 173 pays qui ont pris part au vote, 107 – dont la France, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du sud et la Belgique – ont voté pour ; 52 – parmi lesquels le Royaume-Uni, l’Italie, la Pologne, le Danemark, le Japon, la Corée du Sud, l’Ukraine et la Suisse – se sont abstenus. Et 14 – dont les États-Unis, l’Allemagne, Israël, le Canada, la Suède et les Pays-Bas – ont voté contre.
Un acte unilatéral ?
Washington invoque pour justifier sa position deux types d’arguments. Les premiers, déjà entendus lorsque les Palestiniens ont présenté, le 23 septembre dernier, leur candidature à l’ONU, reposent sur des considérations diplomatiques. Admettre la Palestine à l’ONU, expliquait Washington, serait un acte unilatéral qui mettrait en péril le processus de paix. La naissance d’un État palestinien ne peut venir que de négociations avec Israël. Admettre la Palestine à l’UNESCO, précisait Barack Obama, serait « prématuré et contreproductif ». Curieux discours.
Le processus de paix est en panne depuis plus d’un an. Les négociations directes israélo-palestiniennes, avec ou sans médiation américaine, ont été entamées en 1993, avec la signature des accords d’Oslo. Elles sont depuis longtemps dans l’impasse. C’est précisément pour sortir de cette impasse et en finir avec le bilatéralisme stérile du processus de paix que les Palestiniens ont fait le choix de demander, le 23 septembre, leur adhésion aux Nations Unies et aux diverses agences et organisations de l’ONU. Auparavant, ils avaient précisé – et ils l’ont répété à de nombreuses reprises – qu’ils restaient prêts à prendre place à la table des négociations, à condition qu’Israël gèle complètement la colonisation et accepte les termes de références élémentaires d’un dialogue : la naissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
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